Assad Salah
Francis Borelli rêvait d’associer Salah Assad et Mustapha Dahleb, deux des plus beaux fleurons du foot algérien. Lorsque le buteur hollandais du PSG, Cees Kist, fut déclaré “persona non grata” au Camp des Loges, le président parisien sauta sur l’occasion pour proposer à Mulhouse un échange entre Kist et Assad. Mulhouse, relégué en D2 (L2) n’avait de toute façon plus les moyens de conserver sa star, arrivée en Alsace en 1982. Assad, surnommé “Rouget” ou “le rouquin” avait explosé lors de la Coupe du monde 1982 en Espagne, participant à l’exploit de l’Algérie vainqueur de l’Allemagne (2-1). Adolescent, il avait rejoint les rangs du RC Kouba, près d’Alger, avec lequel il remporta le titre de champion d’Algérie en 1981. Il enchante alors les foules avec un geste technique hors du commun, le “ghoraf”, un passement de jambe qui n’aurait pas laissé indifférent Ronaldinho lui-même… Dauphin du Camerounais N’Kono au Ballon d’Or Africain (1982) à seulement 25 ans, il profite de sa notoriété pour obtenir du président Chadli Bendjedid en personne la possibilité de s’expatrier vers la France, alors que les règlements lui interdisent d’aller jouer à l’étranger avant 28 ans. Recruté par le nouveau promu Mulhouse, Assad inscrit 13 buts en 21 rencontres de championnat avant de baisser pied, pour un mal récurrent au genou gauche. En mars, l’opération est inévitable et c’est avec des béquilles qu’il débarque au PSG. De bien mauvais augure pour la suite de la saison, qu’il débute fin octobre par deux passes décisives contre Lille (4-5, le 22/10/83). Ses nombreux départs pour jouer avec l’Algérie et des nouvelles douleurs au genou finiront par convaincre le staff parisien qu’il n’est définitivement pas l’homme de la situation. Assad retourne à Mulhouse, où il jouera les deux saisons suivantes en D2. A la Coupe du monde 1986 au Mexique, il se blesse à nouveau au genou et reste un an sans jouer. Sa carrière semble terminée lorsqu’on découvre enfin le mal récurrent qui le handicape : un simple kyste au niveau de l’articulation du genou. En 1987, il rejoue pour son club formateur à Kouba avant de se retirer dans une Algérie aux bords de la guerre civile. Sympathisant du FIS, parti islamique dissous en 1991, Assad sera emprisonné pendant quatre longues années, sans jugement. A sa sortie, il revient à Kouba et devient manager général du club jusqu’en 2003, avant de se retirer définitivement de la vie sportive et publique. La relève a été assurée par ses deux fils, les jumeaux Abdellah, un attaquant qui n’a pas percé, et Hamza, défenseur latéral qui défendait les couleurs du KC Kouba. Très discret depuis plusieurs années, Salah Assad est pourtant sorti de sa réserve en 2011, pour critiquer la corruption et le manque de professionnalisme des dirigeants du football algérien.