20 mai 1989, l’affaire Lens-PSG…
20 mai 1989, retour sur une drôle de soirée à Lens…
Incroyable décision de Tomislav Ivic avant le match, alors que le PSG est toujours en course pour le titre de champion de France face à Marseille : l’entraîneur yougoslave écarte Safet Susic, et place trois grands gabarits aux avant-postes (Amara Simba, Daniel Xuereb et… Philippe Jeannol, qui joue habituellement en défense centrale !), un choix qui provoque une incroyable polémique et relance les suspicions sur d’éventuels matches truqués. Après trente minutes de jeu face au dernier du championnat, déjà condamné à la seconde division, Ivic change de plan : Xuereb, souffrant (intoxication alimentaire la veille) est remplacé par Liazid Sandjak, Jeannol retrouve sa place en défense…
Le PSG a complétement raté son début de match malgré une occasion de Xuereb sur un service de Perez, mais la frappe du buteur parisien passe largement à côté (10e). Les Lensois réagissent et Blaz Sliskovic tire en force sur la barre transversale (18e). Ce changement tactique n’apporte aucune amélioration côté parisien et la dernière occasion de but pour Perez qui frappe sur le petit filet se situe… en fin de première période (43e). Sliskovic sur coup-franc inquiète Joël Bats qui sauve son équipe d’un réflexe étonnant (58e) avant une fin de match médiocre ou Paris, incapable de construire une action digne de ce nom, perd définitivement le titre.
A l’issue du match, Ivic est la seule personne satisfaite par ce résultat : « Je suis très heureux d’avoir accroché cette Coupe UEFA, car nous n’avions pas au début du championnat pour ambition le titre de champion ».
Le Président Francis Borelli, désemparé, s’éclipse sans commenter cette incroyable fin de championnat puis se ravise et déclare solennellement : « Bernard Tapie a acheté le match ».
Le journal « L’Équipe » enquête et un joueur lensois, qui a tenu à conserver l’anonymat, déclare : « Le soir du match, nous avons touché double prime et je ne sais pas pourquoi. D’habitude, quand nous obtenons un match nul, nous avons un prime, mais là, elle a été doublée ». Le plus incroyable est l’épilogue de cette triste histoire : Ivic et Susic vont se réconcilier quelques jours plus tard et finalement rester au PSG.
Daniel Xuereb, pourtant président de l’Association des anciens joueurs de l’OM, était revenu sur cet incroyable match à Bollaert dans le livre sur les 40 ans du club en 2010 : « Je n’oublierai jamais ce match à Lens, je suis amer, car il s’est passé quelque chose à Bollaert… Ivic avait écarté notre meilleur joueur, Safet Susic, et alignait une équipe trop défensive. J’étais très surpris par le choix de mon entraîneur et des Lensois qui ont joué le 0-0 alors qu’ils était déjà relégués en 2eme division.
Lors des derniers matches de la saison, il s’est passé beaucoup de choses en coulisses, il y a eu des transactions… On a été déstabilisés par tout cela, on en parlait entre nous dans les vestiaires ». Christian Perez avait confirmé les propos surprenants de son coéquipier dans cet ouvrage : « J’étais en colère contre Ivic car il s’est passé des choses scandaleuses en fin de saison.
A titre personnel, on m’a téléphoné trois jours avant un match à Marseille pour me proposer un contrat à l’OM, c’était des méthodes de mafieux ! On aurait du être champion cette saison, mais le foot c’est un drôle de milieu… Je plains ce pauvre Jacques Glasmann qui a eu le courage de dire la vérité ».
33 ans – jour pour jour – après ce triste épisode dans l’histoire du PSG et du championnat de France, il faut se rendre à l’évidence : malgré les doutes et les propos très tendancieux et énigmatiques de certains acteurs de la rencontre à Bollaert, on ne saura jamais ce qui s’est réellement passé ce 20 mai 1989…