24 janvier 1971, la première fois où le PSG a vu rouge…

Sorgic, l'homme qui baffait plus vite que son ombre...

Sorgic, l’homme qui baffait plus vite que son ombre…

Retour sur un match pas comme les autres, lors d’un match de championnat National entre Caen et le PSG (ex. Ligue 2). Une rencontre devenue célèbre pour avoir été le théâtre de la première expulsion d’un joueur parisien en match officiel. Retour sur cette soirée historique, en janvier 1971.

C’est au stade de Venoix à Caen, qui a été remplacé par le Stade d’Ornano en 1993, qu’un joueur du PSG a été expulsé pour la première fois de son histoire. Nous sommes le 24 janvier 1971, lors de la 18ème journée du championnat National. 13ème minute de jeu. Paris mène déjà au score (but de Jean-Claude Bras, 8ème) quand survient l’incident : L’attaquant yougoslave Djuro Sorgic, après un contact musclé avec le défenseur portugais du PSG Fernando Cruz, s’emporte et le gifle. Son partenaire en défense Daniel Gucci le venge aussitôt et le bouscule violemment, se faisant expulser sur le champ par l’arbitre Monsieur Bacon. Sorgic sera remplacé par Lecanu quelques minutes plus tard…  A 27 ans, Guicci, né à Paris et passé par Valenciennes, laisse ses coéquipiers à 10 mais le PSG s’imposera finalement logiquement sur le score de 2-1. Il reste  pour l’histoire – le premier joueur expulsé dans l’histoire du club parisien

Malgré l’intervention de Pierre Phelipon (à droite), l’arbitre Mr Bacou expulse Daniel Guicci. Une première dans l’histoire du PSG…

Malgré l’intervention de Pierre Phelipon (à droite), l’arbitre Mr Bacou expulse Daniel Guicci. Une première dans l’histoire du PSG…

Si Daniel Guicci a par la suite connu une carrière anonyme au Paris Football Club puis au Mans, le joueur de Caen Djuro Sorgic, à l’origine de cette expulsion, était célèbre… en Belgique jusqu’à son décès le 21 octobre 2012, à l’âge de 64 ans.

Sorgic avait quitté la Normandie en 1973 et terminé sa carrière aux Etats-Unis, aux côtés de Georges Best aux Los Angeles Aztecs. Le natif de la Croatie, passé par l’Hajuk Split, était devenu par la suite restaurateur et propriétaire de la célèbre « Maison du Peket » à Liège puis agent de joueur en Belgique, après avoir porté les couleurs du FC Liégois et de Waterschei (un mauvais souvenir pour le PSG en 1983…). En juillet 2011, Sorgic avait été inculpé pour blanchiment d’argent, faux et usage de faux pour des transferts douteux au Standard de Liège, avec le comptable de l’OM Jean-René Angeloglou (tiens, tiens, le monde est petit !!)

Sorgic, période américaine

Sorgic, période américaine

Un peu d’histoire pour expliquer les liens historiques de la famille Sorgic avec le Belgique : sous l’Empire, deux amis liégeois avaient servi dans l’armée impériale comme aides de camp du Maréchal Marmont : le baron de Molinari, et le vicomte Maximilien Sorgues Après Waterloo, Sorgues s’implanta avec sa famille à Prnjavor, petite cité de Bosnie. C’est alors qu’il transforma son nom en Sorgic…  . Il y a près de mille ans que la recette du Péket (un alcool avec des baies de genièvres) se transmet en secret, dans la famille Sorgic, anciennement Sorgues. Frédéric Sorgues, un des principaux vassaux de Godefroy de Bouillon a le premier découvert les vertus de ce breuvage. Un peu de culture sur sur ce site !

Dans l’ouvrage « les lunettes à Fréderic ou le voyage au bout de l’Etat », écrit par un auteur anonyme sous le pseudo d’Emile Jappi, le joueur yougoslave était même à l’honneur : « Au sommet du bonheur, réalisant d’un même coup ses deux passions, le football et la Yougoslavie, Vincent écrivait à sa mère chaque semaine. Ses lettres étaient remplies de l’admiration que lui inspirait un des joueurs de l’équipe avec lequel il s’était pris d’amitié, un certain Djuro Sorgic. Ce Yougoslave malin passait de club en club : il affirmait n’être qu’un joueur médiocre mais parvenait à se vendre un peu plus cher à chaque transfert. Quand un entraîneur se rendait compte de la faute qu’il avait commise en ayant surpayé son acquisition, il se gardait bien d’avouer son erreur.

l'annonce officielle du décès d'un joueur qui restera, bien malgré lui, dans la grande histoire du PSG

le faire-part annonçant le décès d’un joueur qui restera, bien malgré lui, dans la grande histoire du PSG

Il vantait du mieux qu’il pouvait les performances de son poulain pour pouvoir le revendre sans perte et, si possible, avec un bénéfice. Un beau jour, considérant qu’il avait atteint les limites de ce petit jeu, Sorgic décida de quitter la  Yougoslavie et de tenter sa chance à l’Ouest. Muni d’un seul billet de train et d’une lettre de recommandation de l’entraîneur Bivic, il rejoignit Fribourg, célèbre mondialement par son université et, dans le milieu du sport, par sa toute jeune équipe de football : celle-ci venait de créer la surprise en parvenant en demi-finale d’une Coupe d’Europe… »

Ce portait est bien celui du joueur yougoslave passé par Caen et installé en Belgique, Djuro Sorgic, comme le confirmera le principal intéressé. A la lecture de la biographie de Sorgic, on oublierait presque qu’il est le responsable de la première expulsion d’un joueur du PSG… un soir de janvier 1971, à Caen.