Dominique Bathenay : « il faut laisser du temps à Laurent Blanc et au PSG »

le légendaire Dominique Bathenay !

le légendaire Dominique Bathenay !

Dominique Bathenay, capitaine légendaire du PSG de 1978 à 1985 (273 matches, deux Coupes de France en 1982 et 1983 à Paris) est revenu longuement mardi soir sur son parcours dans la Capitale. Spécialiste du football au Qatar – il a entraîné Al-Gharafa et y a séjourné à plusieurs reprises – « Babatte », comme on le surnommait, nous a aussi confié ses impressions sur ce nouveau PSG qui rêve de devenir l’un des plus grands clubs de football en Europe…

Que pensez vous du PSG aujourd’hui ?

Les Qataris ne se sont pas trompés en reprenant le PSG, il ont acheté l’image de la ville de Paris, connue dans le monde entier et ils ont mis en place une équipe qui peut déjà rivaliser avec les grands clubs européens, malgré l’élimination face à Chelsea. Perdre face à une équipe du standing de Chelsea, ce n’est pas un échec, mais une déception.

Chelsea : une déception, pas un échec...

Chelsea : une déception, pas un échec…

Pensiez vous que le PSG deviendrait un jour un grand club européen ?

Oui, car c’est Paris ! C’est impossible qu’il n’y ait pas un grand club dans la capitale. A mon époque, on venait au PSG pour participer à cette construction. Cela a mis du temps, il y a eu des hauts et des bas, et j’espère que maintenant le PSG va rester durablement dans le top 10 des clubs européens.

Le PSG peut-il gagner la ligue des champions dans les prochaines années ?

Oui, je le pense. Ce n’est pas une question d’expérience dans cette compétition, mais plutôt d’avoir les bons joueurs et surtout la réussite. Qui aurait parié au début de la saison que l’Atletico Madrid serait leader du championnat espagnol et toujours en course pour remporter la Ligue des champions ? A ce niveau de la compétition, gagner ou perdre, c’est parfois un simple concours de circonstances…

Les ambitions du Qatar et de Nasser Al-Khelaifi : gagner, et vite...

Les ambitions du Qatar et de Nasser Al-Khelaifi : gagner, et vite…

Vous avez entraîné au Qatar, quelles sont les ambitions des actionnaires du PSG ?

Ils ont les moyens et ils veulent aller vite, ils pensent qu’avec de l’argent, on peut tout gagner. Mais je crois qu’il va falloir du temps au PSG pour devenir l’un des plus grands clubs européens.

Comment jugez vous le bilan de Laurent Blanc à la tête du PSG ?

L’important, c’est que les dirigeants et les joueurs soient eux-mêmes satisfaits, mais sincèrement qui pourrait ne pas être content avec un titre de champion de France, une Coupe de la Ligue et un quart de finale de la Ligue des champions ? Barcelone a aussi été battu à ce niveau de la compétition. Il a rempli son contrat, mais je crois aussi que les dirigeants vont lui laisser un an seulement pour gagner le trophée européen…

Quel est votre plus grand souvenir lors de votre passage au PSG de 1978 à 1985 ?

La finale de Coupe de France en 1982, remportée face à Saint-Etienne. Pour les plus jeunes qui n’ont pas vécu cette rencontre, cela restera la plus longue dans l’histoire de la compétition (nota : la finale a été envahie et interrompue pendant plus de 30 minutes avant la séance des tirs aux buts). Il y a eu Francis Borelli qui a embrassé la pelouse, et c’est aussi le premier trophée du PSG. J’arrivais de Saint-Etienne et j’avais déjà gagné quelques coupes et championnats, mais cette première avec Paris, c’était vraiment particulier.

Le plus grand souvenir : la victoire en Coupe de France face aux Verts

Le plus grand souvenir : la victoire en Coupe de France face aux Verts

Quel souvenir gardez vous de cette finale ?

Pleins de souvenirs ! L’égalisation de Rocheteau au bout du temps additionnel, l’envahissement du terrain sans aucune violence, c’était très bon enfant. On est rentrés au vestiaires, on ne savait pas si on allait devoir rejouer le match. Puis on a gagné lors de la séance des tirs aux buts, c’était un bon moment, une très belle journée. Quand on gagne tout est beau !

Surjak, dans le top 4 de ses partenaires au PSG

Surjak, dans le top 4 de ses partenaires au PSG

Quel est le plus grand joueur que vous avez connu à Paris ?

Il y en a deux ou trois… Mustapha Dahleb, dont on ne parle pas assez à mon avis. C’était un des meilleurs attaquants européens à cette époque. Il y a aussi les deux Yougoslaves Safet Susic et Ivica Surjak. Ce dernier n’est resté qu’un an et c’était un joueur yougoslave très différent, assez enjoué et plutôt taquin… Sans oublier Carlos Bianchi, un sacré buteur.

Vous avez côtoyé Francis Borelli, était-il un président si différent ?

Oui, c’était quelqu’un de très chaleureux. Il avait la passion du football et cela disparait aujourd’hui. C’était un président qui aimait ses joueurs, leurs familles, il prenait tout en considération. Quand on allait le voir pour une prolongation de contrat ou une augmentation de salaire, on pouvait presque lui demander à la fin de l’entretien combien on lui devait ! Il donnait tellement envie de jouer pour lui qu’on aurait été prêt à payer pour cela. Enfin pas trop quand même…

Le but à Liverpool en 1977 : une image éternelle

Le but à Liverpool en 1977 : une image éternelle

On résume parfois votre carrière ou celle de Dominique Rocheteau à la finale perdue en 1976 à Glasgow avec les Verts face au Bayern Munich, ne trouvez vous pas cela injuste avec tous les titres que vous avez remportés avec le PSG ?

C’est des images qui restent, comme mon but à Anfield Road face à Liverpool en 1977. C’est la vie. On est parfois surpris d’apprendre que j’ai porté le maillot du PSG… Et oui, 7 ans ! Je reste à jamais Stéphanois alors que j’ai plus joué pour le PSG qu’avec Saint-Etienne.

Quels souvenirs gardez vous de votre entraîner Velibor Vasovic à la fin des années 1980 et de ces drôles de collations d’avant match ?

Vasovic était un fin tacticien. Il nous réunissait autour de la table et il mettait 11 cafés et 11 sucres. Et les sucres partaient dans le café, donc on avait gagné ! On peut dire que le sucre s’était dissous par notre équipe…

Le premier trophée en 1982

Le premier trophée en 1982

Espériez vous remporté plus de titres avec le PSG ? (nota : Bathenay a remporté deux coupes de France avec Paris en 1982 et 1983)

Inconsciemment, oui. Je voulais venir à Paris, j’avais d’autres propositions mais le PSG était un club très attrayant. Gagner ce premier titre au bout de quatre ans, cela a été long, très long… Les deux premières années ont été compliqué, mais l’état d’esprit des joueurs et des dirigeants a toujours été positif. Bizarrement, j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer pour le PSG ces deux premières années si difficiles.

Un seul petit regret : le parcours avec les Bleus...

Un seul petit regret : le parcours avec les Bleus…

Avez vous des regrets dans votre carrière professionnelle ?

Non, le seul regret peut-être c’est de ne pas avoir plus joué avec l’équipe de France. Mais j’ai fait des choix et je les assume. Et le plus important finalement, c’est d’être en bonne santé !

Vous avez entraîné en France, puis aux Emirats Arabes Unis, aux Seychelles et même au Qatar avant de revenir en France. Souhaitez vous toujours entraîneur au plus haut niveau ?

Oui, j’aimerai retrouver une équipe. J’ai entraîné à l’étranger et une fois qu’on est parti, c’est difficile de revenir, on sort parfois du circuit en France. Et pourquoi pas repartir à l’étranger ? il y a des bons joueurs de football partout dans le monde.

Et au PSG ?

Si le club parisien me proposait d’entraîner l’équipe réserve ou une équipe des jeunes en moins de 20 ans, cela pourrait m’intéresser.