1er juillet 1989, il y a 34 ans : la blessure qui a changé le destin de Luis Fernandez et du PSG…

le vrai faux retour de Luis...

le vrai faux retour de Luis…

Le 1er juillet 1989, la carrière mouvementée de Luis Fernandez au PSG aurait pu prendre une tournure bien différente….

Tous les fans du PSG connaissent la relation passionnelle entre « Capitain Luis » et le club de la Capitale : il a été le  capitaine emblématique du club (1978 à 1985), l’entraîneur du succès européen (1994 à 1996 et 2000 à 2003) et directeur sportif du centre de formation depuis un an . Son parcours à Paris ne se résume pourtant pas à quatre, mais à cinq passages au PSG. Ses quelques semaines passées du côté du Camp des Loges sont moins connues, en voici la teneur…

LUIS1Le 21 juin 1989, Luis Fernandez semble enfin avoir trouver un club après la fin de son parcours au Racing et une blessure au genou. C’est le PSG, son club formateur qui lui tend la main, comme le précise le président Borelli : « Il s’est dit dans mon entourage que Luis voulait s’entraîner avec nous. Ivic est d’accord : il sera dès lundi (24 juin) au Camp des Loges. Il est le bienvenu. Je suis très heureux que nous lui tendions la main. Il vient parfaire sa forme, c’est tout. Le PSG, c’est son club, c’est sa cour. La moindre des élégances était donc de l’accueillir, mais il n’y a aucune discussion. C’est un simple geste d’amitié entre des gens qui s’aiment depuis très longtemps, c’est pour cela que je suis fâché d’entendre certaines choses : Fernandez de retour au PSG, ce n’est pas d’actualité ! Qu’on ne nous force pas la main, après cela n’a plus la même saveur… »

Capitaine Fernandez en 1986

Capitaine Fernandez en 1986

Le joueur, pour sa part, est plus optimiste, et sa version des faits est un peu différente : « Ma situation est au point mort : Bernard Tapie (président de Marseille) devait rappeler mon impressario, mais il n’y a pas de nouveaux contacts. De la même façon, Francis Borelli m’avait fait comprendre qu’il pourrait me prendre dans son effectif si le PSG n’engageait pas Roger Mendy (qui va signer à Monaco). Je constate que Mendy ne viendra pas jouer à Paris, mais il n’empêche que, pour l’instant, il ne m’a pas rappelé, si ce n’est pour me dire que je pouvais m’entraîner avec le PSG. Reste que je n’irai jamais demandé quoi que ce soit, ce n’est pas moi le demandeur. On me connait assez depuis douze ans, je n’ai pas à me justifier… ».

Le fier Luis Fernandez a-t-il eu raison de faire une telle déclaration, alors que son cas n’est pas encore statué par l’entraîneur du club, Tomislav Ivic ? Le 24 juin, Fernandez est de retour au Camp des Loges. Une semaine plus tard, à Troyes, c’est l’heure du grand retour pour Luis !

Ivic, un entraîneur énervé...

Ivic, un entraîneur énervé…

Ivic a tenu à récompenser le joueur en l’incorporant d’entrée pour le match amical que le PSG va jouer contre Auxerre à Troyes. L’émotion est grande pour Fernandez juste avant d’aller s’échauffer : « ça me fait quelque chose de me retrouver avec ce maillot, et forcément, tout à l’heure en l’enfilant, je n’ai pu m’empêcher à plein de bons souvenirs du temps passé ».

L’histoire semble, trop belle… Alors que Fernandez part s’échauffer, on peut raisonnablement espérer que ce galop d’essai se transformera en contrat en bonne et due forme. Mais vingt minutes avant le match, une pointe s’est réveillée à la hauteur de la cuisse droite de Luis Fernandez. Il préfère déclarer forfait, et comme le souligne le journal « L’Equipe » alors : « c’est sûrement l’un des forfaits les plus bêtes de la carrière de Luis ! »

« Je n’ai pas voulu prendre de risques, mais ce contre-temps n’enlève rien au plaisir que j’ai eu à travailler à l’entraînement. J’ai cravaché, je me suis battu, j’ai fait ce que l’on m’a demandé, j’ai été sensible à la réception qui m’a été faite, à tous les niveaux, aussi bien des dirigeants, de Mr Ivic ou du groupe qui m’a très bien admis. Il est vrai que je possède des affinités, des souvenirs en commun, mais grâce à eux j’ai retrouvé un doping moral. Et le sourire : je sais que  la forme revient ! ».

Fernandez version Racing face au PSG de Rocheteau

Fernandez version Racing face au PSG de Rocheteau

Le son de cloche est différent du côté de l’entraîneur yougoslave, qui lui avait bien précisé lors de leur première rencontre dans un restaurant parisien : « Tu peux t’entraîner avec nous, mais si tu as une autre proposition, n’hésite pas ! » Francis Borelli confirme à son tour : « La décision finale appartient à Mr Ivic. Sans doute ai-je un a priori sentimental, mais quel que soit la réponse, je suivrai le choix de mon entraîneur ».

Quatre jours plus tard, le PSG doit reprendre au Parc des Princes pour le tournoi de Paris. Luis est prêt à faire de gros efforts financiers (on parle d’une baisse de salaire de 70% par rapport au Racing !) et les supporters parisiens attendent avec curiosité le retour de leur ancien chouchou, qui a pourtant déçu ses plus fervents supporters en signant pour « l’autre club parisien ».

Cisco Llacer lors de ses débuts à Paris

Cisco Llacer lors de ses débuts à Paris

Le 5 juillet, tout le Parc scrute l’entrée des équipes pour voir Luis de retour à Paris. Mais à sa place sur le terrain, un jeune joueur de 17 ans aux cheveux longs débute sa carrière à Paris : le fougueux Francis Llacer.

Personne ne le sait, mais l’affaire s’est jouée quelques heures plus tôt au Camp des Loges, comme le confirmera Luis Fernandez : « Ivic m’a convoqué dans son bureau et m’a dit que je devais chercher un autre club. Sans même me faire disputer un match amical ! Il croyait que j’étais fini, mais comment pouvait-il me juger ? Je suis sorti de cet entretien complètement abattu ». A sa sortie du Camp des Loges, Luis, qui n’est pas en état de conduire, est à l’origine d’un accident de voiture… Un épilogue cruel, comme le précise le principal intéressé : « Un peu plus tard, Francis Borelli m’ appelé chez moi et expliqué qu’il n’avait pas réussi à convaincre Ivic. Cela m’a encore fait plus mal au coeur ».

le show Fernandez avec Cannes pour ses retrouvailles avec le PSG

le show Fernandez avec Cannes pour ses retrouvailles avec le PSG

Les chemins des Fernandez et du PSG se séparent alors, mais les retrouvailles deux mois plus tard vont être à la hauteur de la rancoeur de Luis, qui a finalement retrouvé un club (l’AS Cannes) et l’intégralité de se moyens, pour revenir en équipe de France ! Lors du match Cannes-Paris, Luis va faire vivre un véritable enfer à ses anciens coéquipiers : provocations, excitation du public, face à face tendu avec Ivic pour lui demander de se taire… Cannes a gagné 3-1, mais le football a perdu, comme le précise Susic après le match : « Luis devrait avoir honte de ce qu’il a fait. Si il a signé à Cannes, c’est peut-être parce que le PSG l’a accueilli pendant 15 jours à l’entraînement ». Si Ivic ne veut pas polémiquer – « J’en ai rien à faire de Luis Fernandez ! » – le joueur en profite alors pour solder ses comptes avec l’entraîneur yougoslave : « J’aime les gens honnêtes, Ivic ne l’a pas été. Francis Borelli et Charles Talar ont tout fait pour que je revienne, je n’ai absolument rien contre eux. mais Ivic a refusé. Pendant le match, il m’a  regardé d’un air ironique, je lui ai dit qu’en football, il ne m’apprendrait rien. Je ne l’ai pas chambré, je lui ai simplement demandé de rester sur son banc ! »

Du Luis dans le texte… Que serait-il advenu si Fernandez avait rejoint le PSG, qui va connaître une saison délicate, bien loin des performances de la saison précédente (2ème du championnat) ? Une chose est sure, Tomislav Ivic s’est trompé. Luis est redevenu Luis, pour le bonheur de Cannes et de l’équipe de France, et le malheur de Paris ce 23 septembre à Cannes…