28 mai 1982 : monsieur Safet Susic signe au PSG (l’histoire d’un transfert pas comme les autres…)

Susic, avec Peyroche et Ardiles : une star à Paris

Susic, avec Peyroche et Ardiles : une star à Paris

Le 28 mai 1982, le quotidien « L’Equipe » annonce officiellement la signature de Safet Susic…

Susic, toujours Susic… Les plus jeunes supporters doivent se demander pourquoi un tel joueur a marqué l’histoire du PSG, alors qu’il n’a pratiquement joué qu’à Paris. Avant son arrivée à Paris, Susic était déjà une star mondiale que l’on comparait à Johan Cruyff en personne !  Si Susic s’est retrouvé à Paris, c’est – un peu – sur un coup de chance et – beaucoup – grâce à l’opiniâtreté et l’instinct du président Borelli. Retour sur un transfert hors du commun…

Susic période Sarajevo

Susic période Sarajevo

Le 28 mai 1982, le président Francis Borelli se rend en Yougoslavie et obtient la signature d’une des plus grandes stars du football européen, le Yougoslave Safet Susic. Comment le PSG a-t-il-pu obtenir la signature de la star yougoslave ? Beaucoup d’abnégation, et un peu de chance…

Un mois plus tôt, malgré que Susic n’ait pas encore fêté son 28eme anniversaire (l’âge légal pour quitter la Yougoslavie), le joueur a obtenu l’accord oral de sa fédération pour rejoindre un club de l’Europe de l’Ouest. Son choix s’est porté vers l’Italie, le Calcio n’est pas insensible au talent de Susic, qui a déjà inscrit trois triplés avec son pays en 10 sélections, dont trois buts exceptionnels en 1979 face au champion du monde en titre, l’Argentine.

Un dirigeant de l’Inter Milan se déplace donc, en toute discrétion, et propose un contrat à la star yougoslave pour la somme de 1.200.000 dollars. Quelques jours plus tard, Luciano Moggi, qui deviendra célèbre quelques années plus tard pour une affaire de matches truqués alors qu’il officiait pour la Juventus Turin, provoquant la relégation de la Juve et la destitution des titres de champion en 2005 et 2006, se rend à son tour à Sarajevo.

l'article de L'Equipe annonçant la signature de Susic

l’article de L’Equipe annonçant la signature de Susic

Susic l’informe du document signé avec l’Inter, qu’il considère comme un pré-contrat. Moggi et Torino lui proposent alors un transfert pour 2 millions de dollars, un appartement de quatre chambres une voiture de luxe, et un bon salaire et des primes… Susic ne résiste pas et signe alors un contrat avec le rival de la Juve, qui vient d’engager quelques jours plus tôt Michel Platini. Le 29 avril, Moggi annonce officiellement la signature de Susic. L’Inter Milan réagit alors immédiatement et porte plainte auprès de la Fédération Italienne, précisant que Susic s’est déjà engagé avec le club lombard…

Susic dans le onze prestigieux des Human Stars de l'UNICEF en 1979

Susic dans le onze prestigieux des Human Stars de l’UNICEF en 1979

Susic comprend son erreur, rencontre une nouvelle fois les dirigeants de l’Inter qui promettent de s’aligner sur celles du Torino, mais le mal es fait : la Fédération met son véto à ce transfert et décide de suspendre pour un an le joueur yougoslave, coupable de négligence. Les portes du Calcio se sont fermés, après un nouvel approche de l’AS Roma, et Susic est à nouveau approché par deux clubs européens prestigieux : Hambourg en Allemagne (qui deviendra champion d’Europe un an plus tard) et Liverpool en Angleterre (qui avait remporté le trophée en 1981).

Surjak part, Susic arrive

Surjak part, Susic arrive

Du lourd, mais un homme va finalement faire pencher la balance du côté du PSG : Ivica Surjak. Malgré une première saison réussie et une victoire en Coupe de France, Surjak quitte le PSG pour Udinese en Italie, un choix qu’il regrette déjà. Le Brestois Drago Vabec avait déjà fait les louanges de Susic au président Borelli, et Surjak va servir d’intermédiaire pour mettre les deux hommes en contact. Alors que les dirigeants de Hambourg refusent dans un premier temps de donner suite à la proposition de Susic, Francis Borelli va tout de suite accepter, presque sans discuter.

Gérard Le Scour, un dirigeant du PSG et proche du président Borelli, était revenu sur cette signature, alors que personne n’avait vu jouer le phénomène yougoslave : « Il était 5 heures du matin quand Safet apposa sa signature. Mais même à ce moment, là, il ne souriait même pas… Avec Francis, on se demandait vraiment si on avait pas fait une énorme connerie… »

Coupe du monte ratée et transfert annulé pour Susic

Coupe du monte ratée et transfert annulé pour Susic

La suite fait désormais partie de l’histoire… L’entraîneur parisien Georges Peyroche découvre enfin Susic le 30 juillet 1982 à Sarajevo, pour un match amical organisé par son départ… face au PSG. Les Yougoslaves s’imposent avec un grand Susic : « Il est tout simplement extraordinaire ! déclare alors l’entraîneur parisien. Il possède les qualités de Skoblar et Bjelovic réunis ». le 3 août, Susic débarque à Paris pour participer au tournoi de Paris mais déjà la rumeur se précise: après une coupe du monde ratée en 1982, les dirigeants yougoslaves souhaitent « punir » les internationaux et le transfert pourrait être remis en cause… Trois jours plus tard, la Fédération Yougoslave, par 9 voix contre 7, annule transfert car Susic n’a pas encore 28 ans (il les aura en avril 1983). Et les dirigeants souhaitent désormais qu’il reste au pays jusqu’à qu’il fête ses 30 ans !

Défaite contre Monaco en 1982 pour le premier match de Susic au PSG

Défaite contre Monaco en 1982 pour le premier match de Susic au PSG

Susic encaisse mal cette décision, menace d’arrêter sa carrière, refuse de signer au Dynamo Zagreb et se fait exclure de la sélection yougoslave, son sélectionneur jugeant qu’il ne peut pas jouer tant que sa situation ne sera pas réglée. Finalement le 15 décembre 1982, il signe un nouveau contrat à Paris, pour une saison et demi.

Le début d’une belle histoire d’amour entre Susic et le PSG…