1er octobre 1994, le chef-d’oeuvre de Cisco Llacer à Caen
Le 1er octobre 1994, Francis Llacer inscrivait un but exceptionnel à Caen, qui allait être élu plus beau but du PSG en championnat, dans le cadre d’un sondage organisé par France Bleu 107.1 avant la fin de l’année 2011.
Alors que l’ancien joueur parisien se fait désormais très discret, nous vous proposons de revenir sur cet exploit qu’il nous avait raconté, avec ses ex coéquipiers, il y a déjà 6 ans.
Retour sur un but venu d’ailleurs…
Nous sommes à la 55eme minute du match au stade d’Ornano, ce 1er octobre 1994. Daniel Bravo, au milieu du terrain, adresse une longue transversale vers Francis Llacer qui reprend de volée du pied droit, à plus de 30 mètres des buts. Le ballon s’envole vers la lucarne des buts gardés par l’ancien gardien de but du PSG, Richard Dutruel, qui n’a pas esquissé le moindre geste…
Daniel Bravo, l’homme de la passe décisive, n’avait pas oublié ce but : « Je m’en rappelle bien, c’est moi qui lui donne la ballon ! On était loin, au milieu du terrain, je le vois démarqué et je lui adresse une petite balle piquée par dessus un adversaire, pour ne pas être intercepté. La balle lui arrive dans la course, Francis ne se pose pas de question. C’était un fort caractère, un instinctif, avec une grosse frappe de balle, un gars un peu fou ! C’était difficile de tenter un tel geste, si loin des buts. Il a sûrement tenté une telle frappe à l’entraînement, sans succès, mais c’est parce qu’il avait essayé qu’il a inscrit ce but fabuleux. Après le match, on l’a un peu chambré, mais c’était un but important. Tout le monde était euphorique dans les vestiaires ».
Même son de cloche du côté de Vincent Guérin, qui avait vu le but depuis le banc des remplaçants, après avoir quitté la pelouse sur blessure : « C’était un but qui venait d’ailleurs, il me rappelle la frappe de Marc Van Basten avec les Pays Bas en finale de l’Euro 1988, même si l’angle était moins ouvert et la frappe plus lointaine. Il a eu beaucoup de réussite, mais il a tenté la frappe. Après le match, on l’avait bien « allumé »… C’est souvent le cas, surtout quand le joueur n’a pas l’habitude de marquer de tels buts, ce qui est le cas de Llacer ».
Le photographe officiel du club, Christian Gavelle, n’avait pas oublié cette incroyable action : « A la fin du match, tout le monde s’interrogeait pour savoir si il avait vraiment tenté la frappe ou raté son centre ! Cisco, c’était un battant, pas un joueur réputé pour sa technique, alors marquer un tel but, c’est surprenant… Si Nenê ou Safet Susic, pour les plus anciens, avaient réussi un tel but, on aurait été moins surpris… Mais si il a vraiment tenté la frappe, cela reste pour moi le plus beau but dans l’histoire du PSG ».
Antoine Kombouaré, en conférence de presse, avait tenu le même langage : « C’est le plus beau pour moi, j’étais sur le terrain et j’étais le capitaine, donc je m’en souviens, forcément… Et voir Francis Llacer marquer un but (sourire). J’ai été surpris, puis content car on gagne le match. Et heureux pour lui, forcément… »
David Ginola, qui avait été écarté par Luis Fernandez pour raisons disciplinaires, avait appris cet exploit depuis Paris : « J’avais suivi la retransmission à la radio. A entendre le commentateur s’enthousiasmer pour le but de Francis Llacer, j’avais hâte de voir le résumé du match ! Autant d’éloges laissaient présager un but phénoménal.. et je n’ai pas été déçu… ».
Le rédacteur adjoint de France Football Rémy Lacombe, qui avait suivi le match pour le quotidien L’Équipe, garde un souvenir précis de ce but : « J’étais en tribune de presse, je vois Llacer armer sa frappe et je me dis : il est fou, c’est Llacer, la balle va finir en tribune ! C’était un but incroyable, je ne sais pas si c’est le plus beau pour le PSG en championnat, mais c’est pour moi le plus… inattendu ! ».
Tir au but ou centre raté ?? Llacer, juste après le match, était catégorique : « Quand je reçois le ballon de Daniel Bravo, j’ai vu qu’il n’y avait pas trop de solutions, alors j’ai pris un énorme risque et j’en ai été récompensé. J’ai tout de suite su que ma volée était cadrée, mais quand j’ai vu le ballon rentrer, j’ai mis quelques secondes à comprendre… Il a fallu que Antoine Kombouaré et Daniel Bravo me sautent dessus pour que je réalise. Ce but, c’est mon plus beau et ça le restera, ne comptez pas trop sur moi pour en inscrire un autre du même genre… J’ai eu 140% de réussite ! »
Le gardien de but de Caen formé au PSG, Richard Dutruel, n’en revenait toujours pas : « Je ne la vois pas pas partir car je suis masqué par l’un de mes défenseurs. Après, c’est trop tard. J’ai dit à Francis qu’après un but comme celui-ci, il pouvait arrêter le football. Des buts comme cela, on en prend pas beaucoup dans une carrière, et je n’ai pas grand chose à me reprocher. Avec le recul, ce n’est pas un mauvais souvenir car le geste est magnifique ! C’est vrai que Llacer n’est pas réputé pour sa technique, on aurait pu croire qu ‘un tel but serait l’oeuvre d’un Susic ou d’un Raï (rire). Mais bon, sa prise de risque à payé. La preuve, il a été élu plus beau but du PSG en championnat, c’est donc un geste qui restera dans les anales « .
C’était un Cisco Llacer ravi par son titre de plus beau but du PSG en championnat qui nous avait accordé quelques minutes en 2011, pour revenir sur son exploit à Caen : « Ils sont fous d’avoir voté pour moi ?? (rire) C’est incroyable, car me retrouver à cette position là ne correspond pas vraiment à mes caractéristiques… » Ce but à Caen, il ne l’a bien sûr pas oublié : « On évoluait au milieu du terrain, Daniel Bravo était sur le côté gauche, moi de l’autre côté. Avant de recevoir le ballon, je me suis aperçu que notre seul attaquant de pointe, Pascal Nouma, était entouré par trois adversaires. Je me suis dit quand le ballon est arrivé : « Je la joue, c’est pas grave ! » La chance que j’ai eu, c’est que le ballon est bien rentré dans mon pied, c’était comme dans un rêve, le timing parfait. Cette balle, j’insiste, il faut la prendre au bon moment quand elle arrive, sans trop de force. La passe de Daniel Bravo était parfaite, pour une reprise de volée, sans aucun effet ». Un bel hommage au passeur décisif, qui lui a donné selon, ses termes, « une balle propre ». Après tout s’enchaîne : « comme je n’avais aucune solution, j’ai décidé de frapper ! Je devais être un peu fou à l’époque, j’avais un grain (rire). Le ballon est entré dans les buts, j’ai eu beaucoup de réussite, mais je l’ai bien provoqué ».
A la fin du match, Cisco Llacer se rappelle d’une croustillante anecdote : « J’ai eu un coup de fil de mon pote Christophe Dugarry, qui avait marqué un but magnifique le même soir à Nantes. Il pensait avoir marqué le but de l’année, mais quand il a vu le mien face à Caen, il m’a dit un : « tu as fait quoi, là ??? ».
Ce titre pour le plus beau but, c’était aussi une juste récompense pour Llacer, toujours amoureux du PSG : « Quand j’étais jeune, j’étais supporter. Je suis devenu joueur et je reste supporter du PSG. J’ai commencé à 13 ans, j’ai fini à 34 et suis resté fidèle à Paris pendant 18 ans, à l’exception de prêts à Strasbourg, Montpellier et Saint-Etienne. Le PSG, c’est une maison que je connais par coeur, du Président Borelli à Francis Graille ».
Un joueur l’avait particulièrement marqué, celui qu’il considère comme le plus grand, George Weah : « c’était le plus talentueux, il pouvait être exceptionnel, même en jouant tout seul… Parfois, il semblait avoir des ailes, ou des chaussures magiques ! ».
Merci Cisco Llacer pour cet instant magique…
le but de Cisco Llacer à Caen :